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TOPOGRAPHIE, &c.

Les connaissances topographiques doivent être d’une grande importance dans un pays où la moitié, les trois quarts, peut-être, des terres fertiles sont encore à défricher ; où les manufactures et le commerce doivent faire tous les jours des progrès, et où la population s’accroît rapidement et a besoin de s’étendre. Nous croirons donc joindre l’utile à l’agréable, en publiant de tems à autre quelques morceaux sur ce sujet intéressant. Nous commencerons dans ce premier numéro, par l’endroit du Canada qui a été fréquenté le premier par les Européens, et a été un poste de commerce, longtems avant que Québec fût fondé, Tadoussac, ou plutôt la rivière Saguenay qui se décharge dans le St. Laurent, au lieu ainsi nommé, et le lac St. Jean, où cette rivière a sa source. Mr. Bouchette, dans sa Topographie du Bas-Canada, fait du Saguenay une description propre à faire regarder cette rivière comme une des merveilles de la nature. Nous espérons qu’on ne trouvera pas mauvais de voir ici cette description, avant de passer outre.

« La Rivière Saguenay qui se décharge dans le St. Laurent, a la Pointe aux Alouettes, est la plus grande de toutes celles qui apportent le tribut de leurs eaux à la Grande Rivière ; elle prend su source dans le Lac St. Jean, pièce d’eau d’une étendue considérable, par 48 degrés 20 minutes de latitude nord, et par 79 degrés 30 minutes de longitude ouest, du méridien de Londres ; il reçoit plusieurs grandes rivières qui coulent du nord et du nord-ouest, à une distance immense dans l’intérieur, et dont le Pikouagami, la rivière de Sable, et le Pariboaca sont les principales. À l’extrémité orientale du lac, il en sort deux grands courants d’eau, l’un appellé la grande Décharge, et l’autre la rivière de Kinogmiland ; lesquels après avoir coulé environ 57 milles, et renfermé un terrain d’une largeur moyenne de douze milles, réunissent leurs eaux et forment l’irrésistible Saguenay qui de cette pointe continue son cours dans la direction de l’est, pendant environ cent milles jusqu’au St. Laurent. Les bords de cette rivière, dans tout son cours, sont pleins de rochers et d’une hauteur immense, s’élevant de 85 toises jusqu’à même 170 audessus du niveau de l’eau. Son courant est large, profond, et violent : dans quelques endroits, où il se trouve des précipices, il y a des chûtes de cinquante à soixante pieds de hauteur, où le volume entier des eaux s’élance avec une furie qu’on ne saurait décrire, et avec un bruit épouvantable. La largeur de la rivière est en général de deux milles et demi à trois milles, mais à son embouchure, la distance se réduit à environ un mille. La profondeur de cette énorme rivière est aussi extraordinaire : à son embouchure, on a essayé d’en trouver le fond avec une sonde de 500 brasses, mais sans effet ; à environ deux milles plus haut, on a plusieurs fois trouvé de 130 à 110 brasses ; et entre 60 et 70 milles