Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/109

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24 · ESTIENNE DE LA BOÉTIE leur vertu : la plante qu’on a veu en vn endroit, on eit ailleurs empefché de la reconnoiitre. Qui verroit les Venitiens, vne poignee de gens viuans ii libre- ment» que le plus mefchant d’entr’eulx ne voudroit pas eitre le roy de tous, ainfi nes & nourris qu’ils 5 ne reconnoilïent point d’autre ambition finon à qui mieulx aduifera & plus foigneufement prendra garde à entretenir la liberté, ainii appris & faits des le berceau qu’ils ne prendroient point tout le reftedes felicites de la terre our erdre le moindre— oint de TO P leur franchife; qui aura veu, dis-ie, ces perfonnages là, & au partir de là Pen ira aus terres de celui que nous appellons Grand Seigneur, voiant là les gens qui ne veulent eftre nez que pour le feruir, & qui pour maintenir fa puilïance abandonnent leur vie, i5 penferoit il que ceus là & les autres euflentvn mefme naturel, ou pluftoit f·il n’eftimeroit pas que, fortant d’vne cité d’hommes, il eftoit entré dans vn parc de beftes? Licurge, le policeur de Sparte, auoit nourri, ce dit on, deux chiens, tous deux freres, tous deux zo allaites de mefme laiét, l’vn engraiffé en la cuiiine, l’autre accouftumé par les champs au fon de la trompe & du huchet, voulant monftrer au peuple lacedemo- vanranrxs . 5. « pas cltre R0y& t0utainfi». pour le maintenir abandonnent 6. « connoilfcntn. leur vie; pcnferoit il que les autres 7. «à qui mieux aduifera à foi- & ceux là euilent mefme naturel ». gneufemententretenirlcurlibertéx. 18. « il eft entré ». · . 8. « dans le berceau,ils nc pren- — 1g. « ayant n0ur1·y». droient point ». . 21. «à la cuiline ». 1;. «le Grand Seigneur ». _ 24. « leur nourriture ». ` .14. ggdes gens qui ne peuuent 27. «ce dit il ». eftre nez que pour le feruir & qui 30. «eu1't eu plus cher ».