Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/156

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70 ESTIENNE DE LA BoÉ'r1E tels toy mefme les cognois, fi tu eftimes mauuaifes la _ - pareffe, la lafcheté de cœur & la nonchalance. Encore y a il d’vne autre forte de maiftres, vrayement pipeurs: ce font les ieus, & les compaignies inutiles. 'Ces maiftres font le femblant & portent la mine de 5 plaiürs & de paffetemps; & auec le temps fe font veoir à cler, & cognoiftre à ceus là mefmes qu’ils ont pipé, que ce ne font que tourments entrelaffez de voluptez, qui venans a maiftrifer ceus qui les fuiuent, les retirent de Demployer à ce qui leur feroit pro- IO ûtable. Mais il y a des gents encore d’autre forte, que tout cela ne desbauche point de leur befongne, ains trauaillent bien fort courageufement, & pourchalfent de gaigner les biens, 8L toutefois ils deftruifent leur maifon, & font tenus en telle deftreffe, qu’ils ne x5 fçauent que faireÀ Car ceus la aufïi, dict il, font en zvmynqjes. feruage, foubs la puilïance de maiftreffes bien terri· bles, les vns de la friandife, les autres de la gour— mandife, ceux cy de Pyurongnerie, ceux là d’vne ambition & magnificence fotte '& defpenfiue, qui 20 commandent bien fi outrageufement aceux qu’elles ont faiûs, que tant qu’ils font ieunes & puiffans pour trauailler, elles les contraignent de leur porter tout ce qu’ils tirent de la peine qu’ils prennent, & de le defpendre a contenter leurs defirs. Mais apres, quand 25 elles les fentent foibles, & fans pouuoir pour fouffrir le trauail, à raifon de la vieilleffe, elles adonc les laiffent languir & vieillir en peine, chetifs 8L mal- heureux. De rechef ûeffayent de trouuer ailleurs d’autres ferfs, pour fe feruir de mefme : mais contre 30 cela, ô Critobule, il faut combattre ny plus ne moins