Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/179

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LA MESNAGERIE DE XENOPHON 93 d’agriculture de telle forte, qu’ils en tirent tout ce qui leur faiét meitier, en grande abondance; & les autres en vfent de telle façon, qu’elle ne leur vient 35 à aucun proufit: la raifon de cela entendrois ie de toy fort volontiers, pour faire ce qui eit bon, & laiffer ce qui eft dommageable. Et quoy, dit Socrates, ô Critobule, li ie te coute des le commencement vn propos qu’autrefois i’eus auec vn perfonnage, qui 40 eltoit vrayement, à mon aduis, de ceux à qui on donne iuftement ce tiltre de bel & bon homme, qu’on Bel s» bon appelle? A bon efcient, dit Critobule, ie voudrois bien homme` qu’on dilt cela de moy: car aufïî de vray i’aymerois bien eftre tel, que ie fuffe dignede ce tiltre. Ie te feray 45 doncques de` furcroy le conte, dit Socrates, comme c’eit que ie me prins garde de ce beau mot; car pour le regard des bons charpentiers, des bons graueurs d’erain, bons peintres, tailleurs de pierre, &. tels autres artifans, i’eus prou de peu de temps à pafïer 5o par tout, pour les voir tous, & tous leurs ouurages qu’on eftime beaux: mais pour auoir le moyen de prendre garde à ceux qui ont ce grand & braue nom , de Bel & Bon, & d’entendre en quoy faifant ils meritent d’en eftre appellez, i’auois vne grande enuie · 55 en mon cœur de trouuer quelqu’vn de ceux là, de qui ie me peuffe accointer. Et premierement, pour ce qu’en ce nom le beau eit accouplé auecques le bon, le premier que ie voyois beau &bien formé, ie m’appro— chois de luy, & m’efforçois d’apprendre, pour voir 60 quelque endroit où le bon fe tinft au beau, mais ie n’auois garde de le trouuer ainii; ains me fembloit que i’apperceu pluûeurs en qui ie voyois bien belle la