Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/199

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LA MESNAGERIE DE XENOPHON 1 I3 pas raifon de fe plaindre que la chargeois d’affaires & de peine pour noftre bien, plus que les feruiteurs mefmes; & luy faifois entendre que les feruiteurs Comment 35 participent des biens de leur maiitre, mais c’eft, fans feruiîïurs plus, ou pour les entretenir, ou pour les porter, ou îQ'TÃÉÃÉ,°gZ pour les garder; mais à aucun d’entre eux il n’eft ,,,f,‘î%_e_ loiiible d’y toucher aucunement pour en vfer, iinon tant qu’il plaift au maiitre d’en donner à quelqu’vn. 40 Or, tout le bien eitvrayement au maiitre, pour en faire _ tout ce que bon luy femblera. Donc celuy qui a plus de iouiffance des biens qui demeurent, & prent plus de dommage de ceux qui fe galtent, il eft bien raifon- nable aufïi que celuy là en aye plus de foucy. Quoy Gmœ 45 doncques, dy-ie, ô Ifchomache, ta femme oyant cela, comment te creut elle? Que fit elle donc? dit il. Et hmm' ii me dit, ô Socrates, que ie le prenois fort mal, fi ie penfois luy commander chofe malaifee, en luy appre- nant qu’elle doit auoir le foing de ce que nous auons: 50 car elle euft trouué bien eftrange & fafcheux, ce difoit elle, ii i’euiTe commandé qu’elle euit mis à nonchaloir fes affaires, & beaucoup plus fafcheux qu’ainfi que i’auois faiét de luy recommander fes propres biens. Car il femble, difoit elle, tout ainli qu’à vne femme de 55 bien, naturellement c’eit plus de plaifir de fe foucier de fes enfants que de n’en auoir aucun foing; qu’auiïî elle trouue plus plaifant d’auoir le cœur aux biens qui la tiennent à fon aife, tant qu’elle les a, que de les mettre à nonchaloir. Et moy, dit Socrates, luy oyant 6o dire que fa femme auoit ainfi refpondu, luy dis :'Si m’ait Dieu, ô lfchomache, tu me reprefentes vn enten- dement virile en vne femme. le te veux doncques IS