Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/202

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116 ESTIENNE DE LA BOÉTIE chofe, dit il, ünon qu’elle ne lien elïaya oncques puis. Il ell vray qu’elle a tafché de fe tenir honneftement, nette, propre, & aduenante, &. de fe monftrer telle. Et Ii me demanda vn iour, fi ie luy fçaurois point donner quelque bon confeil, pour faire non pas feulement 5 qu’elle peuft paroiftre belle, mais l’eftre vrayement, Bon Cown & le fembler. Et ie luy confeillay, ô Socrates, de fe fâîlgeiîsà garder bien de demeurer toufiours aiïife & accroupie ”’§,,‘Égl"’ feruilement, mais fe monltrer, auec l’aide de Dieu, dame & maiftrelle, & d’aller tantoft à l’ouuroir de fes IO lingie1·es,&voir comme elles font, &, en iielïayant, ce qu’elle fçait mieux faire qu’elles, le leur enfeigner; ce qu’elle ne fçait pas li bien, de l’apprendre; tantoft regarder comme on befongne en la boulengerie, & quelquefois eltre prefente à voir mefurer le bled, &. le 15 bailler auec la maiftrelïe d’hoftel, & aller par cy par là dans la maifon fe prendre gardeifi tout eft à fon rang. D’en vfer ainli, ie luy difois qu’il me fembloit ' que ce feroit tout à la fois & mefnager le bien, & fe promener. le luy dis aufîi que beluter parfois, peftrir, 20 & fecouër les habillements des lits, & les ranger, c’eftoit vn exercice bon & fain; & que, iïexerceant ainii, elle en mangeroit de meilleur appetit, & auec beaucoup plus de plaifir, & en feroit plus faine, & auroit le teint naïfuement plus beau & plus frais, qui 25 feroit vrayement tel, & le fembleroit eitre. De vray, quant à la grace, elle eftriue contre la befongne qu’elle faiét, pour eltre fon vifage mieux net, & fon habillement plus honnefte que pour la peine qu’elle prent; mais il me femble que cela donne ie ne fçay 30 quelle plus viue beauté, mefmes quand cela y eft