Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/204

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1 18 ESTIENNE DE LA BOÉTIE eftoilles, & qui fuis encores appellé pauure, qui cit, à mon aduis, la plus lourde iniure & le plus fot reproche qu’on me face? Et, pour vray, ie me fuffe tourmenté de tel outrage qu’on me difoit, ii ie n’eui`fe rencontré de gi fortune naguieres le cheual de Nicie1’eitranger, &veu 5 comment vn grand nombre de gents alloit apres pour le regarder. l’ouy lors pluüeurs qui faifoient grand compte de ce cheual; moy doncques, en oyant tant parler, m’apr0chant de Pefcuyer qui le menoit, luy demanday ii ce chenal eftoit riche. Et luy adonc me 10 regardant ferme, comme Fil euit cogneu à ma demande que ie n’auois pas d’entendement, me refpondit : Et comment feroit riche vn cheual? Ainfi ie me tiray de l’autre part, ayant entendu par là qu’il n’eit pas defendu àvn cheual pauure d’eftre bon, ii de fa nature IS il a bon cœur. Puis doncques, qu’il n’eft pas non plus defendu d’eftre homme de bien, dy moy ce que tu fais, à En que ie m’efforce de l’apprendre, te l’oyant dire, tant que ie pourray, & que, des le iour mefmede Bqrwedlla demain grand matin, ie commence de t’imiter. Car zo qÃî>lg'iî»îgz· pour certain, dis-ie, bonne eft la iournee qu’on com- b$î"î,,Ã,_ mence à bien faire.,le voy bien, dit Ifchomache, que tu te iouës : mais toutesfois ii te conteray ie en quoy faifant ordinairement, le mieux que ie puis i’effaye de paffer ma vie. 25 Ch«p· z8· Premierement ie penfe auoir apprins par expe- I rience que les Dieux n’ont pas permis aux hommes de viure à leur aife, f>i1s n’entendent ce qu’il leur faut faire, & ûils ne fe foucient que cela foit faiét : & , . encore aux fages & feigneurs, aux vns ils donnent le 30 bon heur de la vie, aux autres non. Voilà pour quoy