Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/210

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124 ESTIENNE DE LA BOÉTIE Lzîîëï d’vn Receueur, t’enquiers tu pas ii tu pourras trouuer coîiêgxitii il quelque part quelqu’vn qui foit capable de l’eftre, & façonner-. puis tu mets peine d’acheter celuy là; ny plus ny moins que quand tu as afïaire d’vn bon charpentier, ie m’aH`eure que fi tu en fçais quelqu’vn bon ouurier, & 5 que tu le penfes trouuer, tu t’elï0rces de le recouurer; ou bien fi toy mefmes enfeignes tes Receueurs & les fais de ta main? Moy mefme, ô Socrates, m’effaye de

 les faire : car celuy qui doit fatisfaire quand ie ne fuis
 point à ce que ie ferois, &. Den foucier pour mov, que IO

' faut il qu’il fçache, finon ce que ie fçay? Car fi 16 fuis fuiïifant pour le gouuernement des affaires, ie pourray bien enfeigner à vn autre ce que ie fçais moy mefme. Donc, dis-ie,·ne fera il pas requis qu’en premier lieu il aye vne grande amitié à toy & à tes affaires, puis 15 qu’il faut qu’il aye prou de luy fans toy? car fans amitié de quoy feruiroit le fçauoir d’vn Receueur quel qu’il fuit? De rien, pour certain, dit Ifchomachej mais c’eft la premiere chofe que ie tafche d’apprendre au mien, de m’aymer & moy & mon bien. Comment, zo bon Dieu, enfeigner d’aymer! dis-ie. Comment enfei- Recepte gnes tu de t’aymer? En bonne foy, dis-ie, faifant du kjagîlâiier bien à celuy que ie veux apprendre, lors que les dieux g,,,î;iïÃ$,,_ m’en donnent largement. Tu veux donc dire, luy dis ie, que ceux qui fe fentent de ta bonne fortune ûaffec- 25 tionnent` enuers toy & defirent de te prochaffer quelque bien. Certes, de ma part, ô Socrates, la plus fouueraine recepte pour l’amitié, que ie fçache, c’eft celle là. Mais, ô Ifchomache, dis-ie, dellors que quel- qu’vn de tes gens t’ayme, elt il pour cela capable 30 d’auoir la charge de manier ton affaire? Vois tu pas