Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/233

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LA MESNAGERIE DE XENOPHON I47 _ Mais à fçauoir mon, dit Ifchomache, fi en te faifant pareilles demandes de l’argent, Fil eit bon, ou non, ie te pourrois faire entendre que tu le fçàis fort bien 35 efprouuer, & cognoiftre les bons lingots & les faux; & pareillement, fi en t’interrogant fur le ieu des fluftes, ie te fçaurois point faire croire que tu fçais A iouër, &. de la peinture, & tout autre fçauoir fem= blable, tout de mefme? Parauanture que ouy, dis-ie, I 40 puis que tu m’as donné à entendre que ie fuis vn . fauant homme en Pagriculture, bien que `ie fceuiïe qu’oncques perfonne quelconque ne m’enfeigna ce meitier. Ce n’eit pas cela, dit i_l, ô Socrates; mais il y a long temps que ie te dis que Pagriculture eit vn art 45 fi humain & fi debonnaire, qu’en voyant & oyant ~ feulement, il fait aufîî toit les gents fçauans, Dils en ont enuie; & de vray elle mefme apprend beaucoup de chofes à tin qu’on puiiïe bien vfer d’elle. Voilà, Lavigneen- pour le premier, la vigne qui en montant fur les cogiiîgzîtz 50 arbres, ii elle en trouue pres de foy, enfeigne elle f“§'·î,;}°f'· mefme, qu’il la faut arrefter & fouftenir; &, en eften~ dant de toutes parts fon pampre, lors que fes raifins font encore tendres,. elle monftre qu’il faut à fon exemple ombrager en cette faifon là les grappes que 55 le foleil touche trop &· voit toutes nues; & en dei? pouillant fes fueilles, lors qu’il eft temps que le raifin ` iiadouciffe par la force du foleil, elle apprent claire- ment qu’il la faut defcouurir adonc, & aider à meurir Bt amollir fon fruiêt; & encore, en prefentant les · 60 raiiins les vns mols 81, luifants, les autres verdelets encores, elle monftre au doigt comment il la faut · vendanger, ny plus ne moins que les figuiers couurent