Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/238

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1`52 ESTIENNE DE LA BOÉTIE il y a bien grande difference de ceux qui font ce pour quoy ils font là, & ceux qui ne le font point, ains cherchent excufe de rien faire & à qui on fouffreu de mufer ainli; & pour vray d’auifer à faire bien tra-

 uailler ou à trauailler mal, il y a bien autant à dire de 5

chaumer l’vn à l’autre, comme de trauailler à chaumer du tout. qiwm[ul?` Comme en voilà qui befchent la vigne à fin que le yüï md 3 fep foit tout net de toutes herbes, & ils la befchent deforteque l’herbe y viendra plus que deuant & plus `belle : ne diras tu pasque c’eft vrayement chaumer? IO C’elt donc cela qui gafte les maifons beaucoup plus que la grande ignorance de la mefnagerie qu’on pourroit penfer. Car, qui enuoyra de l’argent de fa` maifon, faifant defpenfe entiere, & ne fera pas les befongnes à demy pour feruir à la mile, meshuy il ne I5 ' fe faut pas esbahir, li ce mefnage au lieu de richeffe ameine pauureté &·fouffrance. Mais certes mon pere m’e_nfeignoit à moy & prattiquoit luy mefmela meil- leure & plus fouueraine regle de mefnagerie cham- ' peftre`qu’il eft poflîble, pour ceux qui fe fçauent 20 foncier de leurs affaires, & qui font eftat bien à point? de‘ Pagriculture; car, il ne fouffroit point qu’on Bon mwa achetait vne ferme bien cultiuee & bien agencee, mais pour ceux , . . . qui mmzm confeilloit de mettre fon argent en vne qu1 fuit oyliue ,,,,î,C秣î,;_ & defplantee, ou pour la nonchalance ou pour l’im- 25 puilïance de ·fon maiftre; pour ce, difoit il, que les lieux bien agencez font à haut pris à qui en veut, & apres leur valeur ne peut augmenter. Or penfoit il que ceux qui ne peuuent croiltre en valeur, ne don- nent point: de plailîr au pris' des autres; mais luy'30 _ fembloit que quelque bien qu’on aye, quelque nour-