Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/240

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1 54 ESTIENNE DE LA BoÉT1E _ que ce foit qu’ils oyent dire qu’il y a abondance de blé, ils nauigent aulli toit celle part, trauerfans pour l’aller trouuer l’/Egée, l’Euxine, & la mer de Sicile. Et quand ils y ont chargé le plus qu’ils ont peu, ils l’emmeinent par mer, mais c’eft Payant mis dans 5 mefme vaiffeau où ils ont leurs perfonnes, & puis f>ils ont faute de deniers, ils ne l’abandonnent pourtant folement à l’auenture; mais fils entendent que le blé foit à grand’requefte quelque part, & qu’on en fait là A plus grand compte, ils Pameinent à ceux là & le leur ro deliurent. De celte mefme façon te femble il que ton pere aymaft Pagriculture? A cela Ifchomache refpon- dit: I’entens bien, ô Socrates, que tu te mocques; mais de ma partie n’eitimerois pas vn homme moins baftiffeur & affectionne à Parchiteéture, pour auoir IS ' vendu le baftiment qu’il auroit acheué, & puis apres en auoir refait vn autre. Et moy, luy dis-ie, ô Ifcho- mache, ie te feray bon ferment que ie te crois fort bien, & que fur ta parole ie veux bien penfer que ces gents là aiment naturellement toutes ces chofes dont 20 ils penfent tirer quelque profit; mais ie fais aulïi mon compte, ô Ifchomache, que tu as amené tout ce difcours pour ayder à ton premier propos: car tu auois propofé que Pagriculture elt le plus facile art du monde; & maintenant par tout ce que tu en as 25 dit, à ta perfuafion, ie croy fermement qu’il eit ainlî. Quefçauair Il eit ainfi & t’en aiïeure, dit Ifchomache. Mais certes commander . ,, . a; gouumm en vn point, o Socrates, qui eft cogneu en toutes pggaîgfîîë façons de viure, à l’agriculture,_au maniement de la ,0f,‘;;§;,çî,';s Republique, à la mefnagerie, au faiét des armes, c’e(t 3O de '”i“"· de fçauoir commander & gouuerner; en ce point feul,