Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/260

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vne tortue, pour vn aduertiſſement aux femmes de garder la maiſon & de ſe taire : car il faut qu’elles parlent auec leurs marys, ou par leurs marys ; & ne ſe doiuent plaindre & faſcher, ſi elles ont plus d’honneur de parler, comme les ioueurs de fluſtes, de la langue 5 d’autruy.

XXXIV. Les riches & les Roys qui portent honneur aux Philoſophes, honorent eux-meſmes, & les Philoſophes auſſi ; & les ſçauants, qui font la court aux grands Seigneurs ne les font pas pourtant plus priſez, mais 10 eux meſmes ſe rendent plus cognus. Cela meſme voit Le deuoir de la femme eſt d’obeïr. l’on aduenir en l’endroit des femmes : car ſi elles ſe rendent ſoubs l’obeïſſance du mary, chacun les en priſe mieux ; mais ſi elles veulent maiſtriſer, cela leur eſt trop plus mal ſeant que d’eſtre ſuiettes. Or faut-il 15 « En quelle fa[çon] l’home faut [q]u’il commande à la fame ». que l’homme commande à la femme, non pas comme le maiſtre à ſon valet, mais comme l’eſprit au corps, eſtant participant de ſes paſſions, ſe tenant touſiours par amitié ioint auecques luy. Doncques, comme il ſe peut faire que l’eſprit ſoit grandement ſoigneux 20 du corps, ſans toutefois ſ’aſſuiettir à ſes voluptez & vaines conuoitiſes, ainſi il y a bien quelque moyen de gouuerner ſa femme en plaiſir & par douceur & courtoiſie.

XXXV. Les Philoſophes diſent que les vnes choſes ſont 25 faittes de pieces diuerſes & ſeparees, comme vne armee de mer & vn camp ; les autres ſont de parties aſſemblees & vnies, comme vne maiſon, vne nauire ; les vnes toutes vnies & d’vn naturel, comme chaſque Le mariage. animal en ſoy meſmes eſt conforme à ſoy. Quaſi de 30 meſme ſorte le mariage : ſi c’eſt de perſonnes qui