Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

192 ESTIENNE DE LA BoÉT1E porta les nouuelles de la mort de ce garçon, ainû que ie defcendois de fur mer; &. lors plufîeurs de mes hottes & amis me tindrent compaignie, & vindrent auecques moy en noftre maifon, & beaucoup d’autres quant & eux. Et puis voyant chez nous que toutes 5 chofes eftoient en leur ranc, & tout paifible comme de couftume, ils penfoient (& ainfi l’ont ils dit depuis à maint-vn) qu’il n’y eftoit rien auenu de mal, mais que quelqu’vn auoît femé cefte fauffe nouuelle: tant tu auois bien ordonné la maifon en temps fi trifte & 10 qui donnoit fi grande occafîon de defordre. Et fi auois tu nourry celuy là de tes propres mammelles, & pour luy auois enduré l’incilîon d’vn tetin qui üeftoit fendu tout autour. Ce font vrayement les chefs d’œuure d’vn bon cœur & noble, & d’vne viue affection. IS Mais la plufpart des meres, nous les voyons preqnans entre leurs bras leurs enfants, tant qu’ils viuent, des mains d’autruy, pour les feruir, ce femble, de paffe- temps; & puis, quand ils font morts, indifcrettement elles ûabandonnent à vn deuil vain & fans raifon; non zo pas d’amitié qu’elles ayent : car l’amitié certes eft vne belle chofe & pleine de moderation & preuoyance; mais, pour vray, l’abondance d’vne vaine ambition, qui eft meflee auec vn peu de pafïion naturelle, fait ce deuil ainü fauuage & enragé, & ce grand defconfort. 25 Et qu’il foit ainiî, il femble bien qu’Aê`.fope ne l’ait pas Fa1>z»d'Epfe ignoré: car il dit qu’alors que Iupiter partageoit les MÃZZÃE e honneurs entre les Dieux, le Deuil demanda fa part, & il luy en donna, mais feulement à l’endroit de ceux là <<$.‘;>ZZ;z5u» qui de leur gré mefme luy en voudroyent faire. Ainfi 30 É ;,,[gg]», doncques en auient il au commencement: car chacun '