Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/340

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254 ESTIENNE DE LA BQÉTIE Quelque chanfon nouuelle ne refufe. 4Encor qu’Homere eft le premier conté, Et qu’au plus haut fur fa palme monté, 30 Bas deifoubs foy les autres il regarde, ' De üarrelter les autres n’ont eu garde. Encor’ depuis le berger de Sicile · Trouua que dire, & encore Virgile A bien depuis de fes rames menee 85 . Par tant de flots la nauire d’Enee. Quand plus d’vn pris à la courfe l’on met, Chafcun le grand, au partir, fe promet; Mais puis fion voit que quelqu’vn fortuné En bien courant le premier Deft donné, 90 Nul pour cela fa courfe ne retire, Mais l’autre pris autant ou plus le tire. Heureux celuy que le premier on conte : Mais qui ne l’eit, ne doit point auoir honte. · Il faut qu’auoir de l’honneur il Pattende 05 Quelque autre part, puis qu’il n’a la plus grande. L’honneur n’a point de ii derniere place, Que des plus grands defirer ne fe face. Or eft ce bien Vn grand abus, Don cuide Que d’inuenter la fontaine foit vuide. . ,00 De voir le fond on ne doit prefumer De noftre efprit, ny le fond de la mer. Des grands difcours la femence infinie D’œuure nouueau pour iamais eft fournie. Noitre efprit prend en fa fource eternelle ;05 Or vne chofe, or vne autre nouuelle : Or cefte cy, or cefte la il treuue, Et puis encor vne autre toute neufue.