Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/346

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260 Es'r1ENNE DE LA BOÉTIE le l’aime, helas, & ce hautain l’entend; Il ne me veut pour amante ny ferue : 90 Pour luy la mort, il le fçait bien, m’attend; Apres la mort fon aide il me referue. Il craint me voir, & me fuit, fe doutant l Qu’à le Hefchir mon martire me ferue. Ainfi l’afpic,pour demourer mefchant, 95 Fuit la Muiique & refufe le chant. Las! retien moy, ô Amour, ce fuyart, Que fans vaguer, comme moy, il Parrefte; Si tu ne peus, donc rend moy celle part Où tu me prins eitant à nul fubieëte. 100 Las que vrayment mon efprit eit mufart, · Croyant qu’en toy quelque pitié fe mette! C’eft ton plaiûr, voire ta vie entiere, I De faire en pleurs des yeux vne riuiere. Mais, pauure, helas, de qui me dois-ie plaindre 105 Que de mon fol & infenfé deür, Qui vole au ciel & ii hault veut attaindre, Qu’vn feu bruflant fes aeles vient faiiîr? Du ciel il tombe, & pour cela n’eit moindre Mon dur tourment, mon aigre defplaiür. 110 Il monte encor, & au feu ûabandonne, Et iamais fin à mes cheutes ne donne. Mais mon deîir ce mal ne me pourchaffe : C’eit pluftoit moy qui le loge en mon cœur, Où fe trouuant, ma raifon il en chaffe, 115 Eitant fur moy & ma force vainqueur. Il me fouruoye, SL çà & là me paffe De mal en pis, & de moy n’a point peur; Eftant fans bride a la mort il me meine :