Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/348

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Cest espoir fait, maugré la douleur grande, Que fon retour d’heure à autre elle attende. Donc cieft efpoir encore la paiffoit 5 Vn mois apres, de forte que fa peine Quelque peu moins pour cela la prefïoit. 155 Vn iour, la pauure, en venant par la plaine, Où en cerchant Roger elle paffoit, Print vn rapport pour nouuelle certaine ` Qui ii auant dans le cœur luy pafïa, . Que tout l’efpoir tout d’vn coup il chafïa. 160 Par vn Gafcon qui auoit efté pris Des Sarrafins,à la grande iournee Qui fut donnee au deuant de Paris, Fut ceite alarme à Pamante donnee. Ceftuy luy a de point en point appris 165 Comment Deitoit la guerre demenee 2 Elle en propos de Roger se ietta, Et sans bouger à ce but l'arresta. Rien à conter le Gascon ne laissa, Ayant du camp bien grande cognoissance : 170 Il luy conta que Roger ne cessa Tant qu’il eust mis Mandricard à outrance ; Mais que si fort Mandricard le blessa, Qu’un mois sa vie en fut hors d’esperance. S’il fe fuit lors de parler arreité, ’ 175 La vraye excufe à Roger c’euit efté. Mais puis il dit, qu’une dame on appelle Marphise au camp, & que chascun la vante, Qu’on douteroit si la face est plus belle, L’esprit plus vif, ou la main plus vaillante 180 Que Roger l’aime, & qu’il est aimé d’elle,