Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/350

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264 ESTIENNE DE LA BOÉTIE Que i’eftimois li humain & fidele. _ Voy ton deuoir, voy le merite mien, Et iuge apres Pen hiftoire ancienne, 215 Onc cruauté faapprocha de la tienne. Pourquoy Roger, comme on ne voit pas vn Tant beau que toy, tant pourueu de vaillance, ' Et qu’en façon, ny gentilleffe, aucun Ny tant que toy, ny pres de là ûauance; 220 Pourquoy aufïi ne fais tu que chafcun Trouue entre tant de vertus la conftance? Pourquoy n’as tu pour ta louange entiere, La foy, qui eft des vertus la premiere? Ne fçais tu pas que fans la loyauté 225 Nulle vertu ne fçauroit apparoiftre? Comme il n’elt point de fi grande beauté 2 Qui fans clarté fe peuft faire cognoiftre. Tu trompes vne, eft ce grand’ nouueauté, Eftant fon Dieu, fon idole & fon maiftre; 23Q Vne à qui lors ton langage euft fait croire Que du Soleil la lumiere eftoit noire! Puis que tu fauls à ce que tu promets, De toy meshuy quel efpoir doit l’on prendre? Que craindras tu, puis que meurtrier tu es 235 D’vne qui t’aime & ne fe veut deffendre? Si moy qui t’aime en ce tourment tu mets, Tes ennemis qu’en peuuent ils attendre? Au ciel n’a point de Iuftice, ie penfe, Si ce forfait demeure fans vengeance. 240