Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/353

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_ vERs FRANç01s ` 267 60 Quand ie la voy que ta faulte elt trop claire. Tu fais grand cas de ta race, ô legere, Tu ments : ce fut la mer qui te conceut, Et quelque vent de 1’hyuer fut ton pere. L’eau & le vent, voylà. ton parentage : 65 Puis en naiffant celle qui te receut, · A mon aduis, c’eft la Lune volage. Songer ne puis qui t’auroit allaiétee; Mais enfeignee & faitte de la main Tu fus, pour vray, du muable Protee. A 70 Encor la mer maintefois eit bonnalïe; . Le vent par fois cit pailible & ferain : Mais de changer tu ne fus oncques laffe. Encor Protee, apres mainte desfaiéte, Lier fe laiffe; & qui te liëra, 75 Puis que le nœud de ma foy ne t’arrelte? Tout à la fois le ciel, comme ie penfe, Ferme en vn lieu fon tour arreftera, _ Et ton cœur faulx prendra quelque affeurance. Las, que de toy pourement ie me vange, 80 le te reprens de ta legereté, Et tu en fais, peruerfe, ta louange. Auflî ie fens que lors que ie m’ei`faye De dire mal de ta defloyauté, C’eft lors, helas, que ie touche ma playe. 85 O moy chetif, li ma force eit fi vaine Qu’il fault que moy qui pour elle me deuils, Pour la punir, i’augmente encor ma peine! Va traiftre, va, ie quitte la vengeance; Ie n’en veus plus : tout le bien que ie veus, 90 C’eft que de toy ie n’aye fouuenance.