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n’EsT1ENNE. DE LA BOÉTIE
CONSEILLER DV ROY EN SA COVRT DE PARLEMENT
A BORDEAVX
I
PARDON, Amour, pardon : ô feigneur, ie te voüe-
Le refte de mes ans, ma voix & mes efcris,
Mes fanglots, mes foufpirs, mes larmes & mes cris : ·
Rien, rien tenir d’,aucun que de toy, ie n’adu0üe.
5 Helas! comment de moy ma fortune fe ioue!
De toy, n’a pas long temps, Amour, ie me fuis ris :
I’ay failly, ie le voy, ie me rends, ie fuis pris;
I’ay trop gardé mon cœur; or ie le defaduoüe.
Si i’ay, pour le garder, retardé ta viëtoire,
,10 Ne l’en traite plus mal : plus grande en eft ta gloire;
Et ü du premier coup tu ne m’as abbattu,
Penfe qu’vn bon vainqueur, & nay pour eitre grand,
, Son nouueau prifonnier, quand vn coup il fe rend,
Il prife & l’ayme mieux, ûil a bien combatu.