Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/511

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

APPENDICE 425 leurs medecines, qui ont preueu que la medecine de laquelle on vfe trop fouuent, fe tourne en nourriture. · Mais les plus propres au trauail font ceux qui n’ont ny trop def crainte, ny trop de hardieffe, car ceux qui font par trop craintifs, n’ofent rien entreprendre; 8: ceux qui font trop courageux, ne font pas duiétz à la fubiection 2 encores faut il qu’aux vns & aux autres la fin des labeurs foit ordonnee, d’autant que c’elt vne chofe raifonnable & vtile, propofer pour leur pris liberté, attendu qu’ils ont courage au trauail, quand il y a recompenfe & que leur temps elt limité. Il les faut aufii tenir en obeïflance, gardans comme oftages leurs enfans; & tout ainli qu’on voit en vne ville, n’en auoir beaucoup d’vn mefme p`ays; & faire les facrifices & ban- quets plus pour les efclaues que pour les libres: car ils en font lors mieux traiétez, 8; pour cette raifon telles chofes ont elté inltituees. Pour paruenir aux biens, le bon pere de famille doit garder quatre chofes; car il faut qu’il puiffe acquerir, puis contregarder, autrement il acquerroit pour neant, car ce feroit puyfer de Peau auec vn panier, & ce qu’on dit vn tonneau pertuifé 2 encores faut il qu’il les fçache mettre en ordre, 8L en bien vfer, d'autant que pour cette raifon nous en auons affaire. Et faut qu’il fepare vne chacune de fes polieflions, & ayt plus de biens portans fruiét que de ceux qui ne rendent rien, & diuife en cette forte fes trafiques, qu’elles ne foient toutes enfemble en danger. Et quant à leur garde, il elt bon d’vl`er de la façon des Perfes _ (8: de ceux de Laconiez encores Pœconomie d’Athenes elt vtile, car en vendant ils acheptent, & quant aux meubles de la maifon, les moindres familles n’en font fort garnies. La façon des Perfes elt que le pere de famille mefme ordonne & viüte toutes chofes, ' qui elt ce qu’a dict Dion de Dionyüus. Nul n’a tant de foing des affaires d’autruy que des üennes propres 2 en forte qu’il doit auoir l’œil à toutes chofes qui font de fon deuoir. En ceft endroit, Papophthegme du Perfe & Lybien elt fort à propos: car l’vn enquis qu’elt ce qui rendoit vn cheual en bon poinét, refpondit, l’œil de fon mailtre; & quand on demanda au Lybien quel eftoit le meilleur fumier, il refpondit les pas du mailtre. Il fautdonc que 1’h0mme ayt l’œil à vne chofe, & la femme à. vne autre, _ainli que les affaires du reglement de la famille font departies à chacun d’eux; & cette façon de faire doit eltre rare aux moindres maifons, & en celles aufquelles elt neceffaire commettre gens pour le maniement des affaires, on en doit vfer plus fouuent 2 car on ne peut enfuiure bien celuy qui enfeigne mal, foit à la . S4