Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/121

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rigueur de la sévérité, non pas comme au commencement gêner les esprits des hommes et vouloir se faire maîtres de leurs pensées et opinions.

Puisque le mal est connu, puisqu’on voit la source et son progrès, et quelles occasions on lui a données de s’augmenter, reste maintenant d’y pourvoir, s’il est possible.

En cette affaire, il n’y a que trois conseils, desquels il faut nécessairement choisir l’un. C’est ou de maintenir seulement l’ancienne doctrine ou la religion, ou d’introduire du tout la nouvelle, ou les entretenir toutes deux sous le soin et conduite des magistrats. Quant à faire tenir la nouvelle seulement, je crois que ce serait peine perdue de débattre contre ce conseil, pour ce que le Roi n’a jamais montré qu’il y eut pensé, et je crois qu’il n’entra oncques en son esprit, ni de la Reine, de vouloir donner à son peuple une loi qu’il ne tient pas, et attempter un si grand remuement au milieu de ses troubles, et ayant devant les yeux tant de dangers si grands et si apparents.

Je ne verrais donc plus que deux chemins, par l’un desquels il faut passer. C’est ou de confirmer la religion de nos prédécesseurs, ou d’entretenir celle-là et la nouvelle, et toutes deux ensemble. Ce conseil semble à plusieurs bon et