Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vingts hommes suffisants, et amateurs de paix et de concorde, et désirant la restauration de l’Église, qui, après avoir fait profession de la doctrine selon l’Église catholique, même aux points qui sont en controverse, et avoir déclaré qu’ils tiendront la main de leur pouvoir à l’entretien des articles de la réformation qui leur seront baillés, seront nommés aux évêques pour les recevoir en la communication de la charge et du conseil, pour mettre ordre aux errements et faire l’office de prédication.

Je sais bien qu’il est impossible de remuer ainsi le monde tout à un coup ; mais toujours les choses empirent quand on n’y met pas la main, et il est bien temps meshui de commencer. C’est folie si on pense appliquer à un si grand mal des remèdes lénitifs. La saison de ce conseil est passée pièçà et maintenant on gâterait tout si on flattait cette plaie, car si on donne aux gens espérance de réformation et qu’après on les cuide payer d’une mine de correction légère, ils prendront cela pour moquerie et à cause de cette nouvelle opinion seront plus irrités et moins traitables. L’abus auquel il faut plus tâcher de remédier, et qui est plus malaisé, c’est d’abolir cette fiance, malheureuse persuasion qui s’est si fort enracinée : c’est qu’il n’en est guère qui n’estiment que le revenu des cures, et des