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Ah ! je ne croyais pas vous faire de boubou,
Pauvre rat, j’ai pour vous une tendresse extrême ;
Il faut faire plaisir à celle qui vous aime,
N’est-il pas vrai, mon cœur ? Aussi dès ce moment,
Vous ferez mon éloge à mon futur amant,
Dites-lui que je suis une bonne personne ;
Que je vaux un royaume, un sceptre, une couronne ;
Que j’ai l’âme fort tendre, il faut lui dire encor
Que par mes qualités je vaux mon pesant d’or ;
Enfin à tous propos entonner ma louange :
Vous le ferez… pas vrai ? C’est bien… adieu, mon ange.
De mes jardins, je vais parcourir les détours
Et penser un moment à mes tendres amours…
Seule je veux rêver à ma nouvelle flamme,
Adieu donc, mon bijou, je m’en vais.



Scène 5

Atalide (seule)

Adieu donc, mon bijou, je m’en vais.La bonne âme !
Elle veut m’enjôler avec son ton mielleux ;
Mais je hais à la mort les discours doucereux,
Je sais ce qu’en vaut l’aune ; elle est bonne la gouaille,
Quoi !… devant Bajazet tu prétends donc que j’aille,
Pour te faire adorer, cherchant mille raisons,
Étaler tout l’éclat de tes perfections !!
De tes mâles beautés, lui coiffer la cervelle !…
Sultane de mon cœur, ma douce tourterelle,
Attends-toi-zy. D’abord, il faut penser à soi,
Et le beau Bajazet ne sera pas pour toi.