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Il est impossible de communiquer la profonde impression qu’on éprouve à la vue de l’antique Possidonia (Paestum), de ces trois temples grecs isolés au milieu des pâtres, des bandits et des troupeaux de buffles. C’est du vieux style tout pur, c’est-à-dire du grandiose et du vrai beau ! À une certaine distance et surtout lorsque ces monuments se détachaient en jaune doré sur le bel azur du ciel et de la mer, je crus voir des temples égyptiens ! J’étais déjà amoureux du vieux style : c’est maintenant ma passion déclarée ! On n’entend d’autre bruit dans cette enceinte que le cri des corbeaux ou des buffles ; les uns voltigent dans ces forêts de chapiteaux ou se perchent sur les corniches ; les autres reposent à l’ombre des robustes colonnes du péristyle : Je n’oublierai jamais un tel tableau !…

Un orage violent éclata ; notre vaisseau volait aussi rapide qu’une flèche au milieu des flots rugissants comme des bêtes féroces ! C’était un spectacle aussi beau qu’effrayant !…


En Égypte plus encore la poésie des grands spectacles enflamme Champollion. Ce n’est pas qu’il s’étudie à tout voir en beau :


Je me suis bien gardé dans mes dessins d’oublier les reines soit égyptiennes, soit grecques : il y en a de toutes les couleurs, blanches, brunes, noires, jaunes, voir même des châtaignes ; les unes jolies, les autres laides, comme il a plu au grand Ammon de les octroyer en temps et lieu.


Il ne s’aveugle pas davantage sur l’Égypte moderne :