Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/10

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M. Jullefort.

Et si je vous demandais à vous ce qu’il est. (À voix basse.) Là, dites-moi mon bon ami, n’est-il jamais gêné ; paie-t-il bien ? cela va-t-il rondement ?

M. du Saphir.

Oh ! oui ; jamais de crédit. J’ai beau lui dire, à votre aise, Monsieur ; toujours solde de compte aussitôt la marchandise livrée ; le papier qu’on me donne est comme du comptant… Tenez, j’aurais tout mon bien chez cet homme là, que je dormirais aussi tranquillement que s’il était placé chez le Roi.

M. Jullefort.

Il est donc, selon vous, bien aisé ?

M. du Saphir.

Il fait de très-belles affaires ; l’argent roule là-dedans, il faut voir : il n’y a rien de tel que ces négocians-là ; il leur arrive du bien des quatre parties du monde. Nous sommes six bijoutiers qui lui fournissons pour des envois, & nous pouvons à peine y suffire.

M. Jullefort.

Ce sont des boëtes d’or que vous venez de livrer, à ce que j’ai pu voir.

M. Du Saphir.

Oui, toutes boëtes pleines ; elles sont destinées pour Petersbourg : on paie bien de ce côté-là…