Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/13

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cile, moi ; un homme à me marier en dupe. En vérité, il faut l’avouer, si l’on n’y prenait garde, un sot marché serait bientôt conclu. L’un ; c’est sa fille qu’il veut marier adroitement ; elle est bien mise, bien brillante, on me la prône, on me la fait toute d’or, je me montre amoureux, rempli d’une excessive tendresse ; & quand nous en venons au fait, il n’y a plus d’argent. Paraissent de vieux contrats réduits à moitié que l’on veut me passer plus cher que sur la place même ; c’est une dot payable en des termes éloignés, c’est-à dire, une espérance, & par conséquent un germe de procès contre un beau-pere. C’est un trousseau estimé ; ah ! à un prix au dessus de ce que je le paierais chez le plus dur Juif à dix ans de crédit ; aussi mon amour expire involontairement ; l’amour ne se nourrit point de brouillards ; il faut en ménage de la réalité.

M. du Saphir.

Il est vrai que la fortune d’une fille aujourd’hui ressemble assez à son caractere ; ce n’est qu’une conjecture ; on est amorcé par des promesses dorées, & l’on ne tarde pas à être attrapé. Les femmes n’en sont pas moins dispendieuses ; voyez seulement dans notre état ; elles se sont mises sur un ton, un ton… en vérité, il n’y a plus moyen d’y tenir ; il faut voler, ou faire banqueroute.