Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/4

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de biens, serait fort avantageux à la Nation. Il promenerait le signe de toutes les valeurs, & par conséquent le gage des jouissances. Il adoucirait la lutte terrible & perpétuelle de l’opulent superbe & du pauvre envieux. Il disperserait le suc nourricier & ferait refleurir toutes les branches qui périssent & se desséchent. Que de beaux arbres antiques, à tête auguste & fière, couvriraient obscurément la terre de leurs rameaux sans l’arrosoir de la finance ! Mais tout le monde n’est pas assez noblement né pour avoir de fortunées syllabes à trafiquer.

Que j’aimerais à voir refluer la séve jusques dans les plantes humbles qui rampent aux pieds de ces chênes élevés qui, les bras ouverts à tous les rayons du soleil, interceptent la moindre goutte de rosée. Quel est l’homme qui trouvera le secret du meilleur système économique ; ce sera celui peut-être qui saura le mieux hacher les grosses & monstrueuses fortunes, les diviser, les subdiviser ; il aura trouvé le remede le plus pressant à l’hydropisie qui étouffe les uns, tandis que l’ethisie mire les autres…

Mais revenons à notre anecdote. On ne la transcrira point ici, parce qu’elle se trouve consignée dans tous les recueils d’historiettes, inventés pour l’amusement des lecteurs ; tel est de ce nombre le fameux livre intitulé le Gage touché, &c. J’ai connu un vieillard, contemporain de mon héros, qui m’a dit que le Vinaigrier avait nom *********, & que le pere avec qui il s’allia, était homme de naissance. Le fils du Vinaigrier, éperdument amoureux, tomba