Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/52

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Mademoiselle Delomer.

Monsieur Jullefort me regarde avec beaucoup d’assurance.

Dominique fils.

Je suis bien loin de tant de hardiesse.

Mademoiselle Delomer.

Je l’ai toujours traité avec la plus grande froideur, & je ne conçois pas comment il y a des hommes qui veulent nous avoir ainsi malgré nous.

Dominique fils, vivement.

Il ne possede pas encore votre main ; & si vous résistez ici avec courage…

Mademoiselle Delomer.

Quel courage voulez-vous que j’aie ?… Est-ce à mon âge que l’on résiste ? Je crains qu’il ne soit plus tems : mon pere, vous dis-je, a pris des engagemens.

Dominique fils.

Et vous les ratifierez ?

Mademoiselle Delomer, avec douleur.

Pourrai-je élever la voix, quand un pere commande ? Vous ne savez pas tout le pouvoir qu’un pere a sur nous… Je l’aime, je crains de l’offenser ; & plus je le chéris, plus je tremble de lui résister.

Dominique fils.

Ah ! si j’étais à votre place, je saurais être plus ferme.