Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/93

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M. Delomer.

Cela me fait beaucoup de peine.

Dominique pere.

Beaucoup de peine !

M. Delomer.

Je ne puis lui donner mon consentement.

Dominique pere, fierement.

Et pourquoi, s’il vous plaît ? La raison ?… à tout il y a une raison.

M. Delomer.

Je vais vous la dire. Ne croyez pas que ce soit une fausse idée de mésalliance qui me domine : quand il y en aurait une, son mérite applanirait cette difficulté : il est vrai que je me suis senti choqué au premier mot, je vous l’avoue ; j’ai eu cette faiblesse : & c’en est une des plus grandes ; car, en refléchissant bien, je ne dois voir en vous que mon égal, votre état ne différe du mien que par un extérieur moins brillant : dans le fond & vu du côté réel, c’est, du plus au moins, toujours vendre pour gagner.

Dominique pere.

Toujours vendre pour gagner, c’est bien dit cela.

M. Delomer.

Votre fils est un jeune homme qui sûrement d’ici à quelques années trouvera un excellent parti, pour peu qu’il se répande dans le monde ; de mon côté je veux le recommander à ce qu’il y a de mieux.