Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/95

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Dominique pere, avec une joie concentrée.

Vous n’avez rien à lui donner ! Bon, bon… tant-mieux, tant-mieux.

M. Delomer.

Une banqueroute, après vingt ans de travaux me remet au même point d’où je suis parti.

Dominique pere.

Bon, bon.

M. Delomer.

Je ne la refuserais pas à un homme assez riche par lui-même pour commencer une maison ; mais ne pouvant aider aucunement votre fils qui n’a rien, vous pensez bien qu’il est inutile d’y songer. Je ne souffrirai pas qu’il l’épouse pour vivre dans le malaise… non, non, jamais… il y a trop d’amertumes à boire dans cette gêne étroite ; & sans un peu d’abondance l’amour lui-même se détruit & fait place à la discorde.

Dominique pere.

C’est-à-dire que si mon fils étoit riche de combien seulement ? Voyons.

M. Delomer.

Oh ! s’il avait seulement dix-mille écus pour commencer… vous riez !

Dominique pere.

Oui, je ris, dix-mille écus ! Achevez.

M. Delomer.

Je le préférerais au plus riche négociant de Paris ; car je ne vous le cèle pas, il m’est agréable