Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plaît aux uns, et le mauvais aux autres. L’on ne risque guère davantage d’y mettre le pire : il a ses partisans.

I3 (IV)

Le phénix de la poésie chantante renaît de ses cendres ; il a vu mourir et revivre sa réputation en un même jour. Ce juge même si infaillible et si ferme dans ses jugements, le public, a varié sur son sujet : ou il se trompe, ou il s’est trompé. Celui qui prononcerait aujourd’hui que Q** en un certain genre est mauvais poète, parlerait presque aussi mal que s’il eût dit il y a quelque temps : Il est bon poète.

I4 (IV)

C. P. était fort riche, et C. N. ne l’était pas : la Pucelle et Rodogune méritaient chacune une autre aventure. Ainsi l’on a toujours demandé pourquoi, dans telle ou telle profession, celui-ci avait fait sa fortune, et cet autre l’avait manquée ; et en cela les hommes cherchent la raison de leurs propres caprices, qui dans les conjonctures pressantes de leurs affaires, de leurs plaisirs, de leur santé et de leur vie, leur font souvent laisser les meilleurs et prendre les pires.

I5 (IV)

La condition des comédiens était infâme chez les Romains et honorable chez les Grecs : qu’est-elle chez nous ? On pense d’eux comme les Romains, on vit avec eux comme les Grecs.

I6 (IV)