Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/224

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26 (IV)

L’on a été loin depuis un siècle dans les arts, et dans les sciences, qui toutes ont été poussées à un grand point de raffinement, jusques à celle du salut, que l’on a réduite en règle et en méthode, et augmentée de tout ce que l’esprit des hommes pouvait inventer de plus beau et de plus sublime. La dévotion et la géométrie ont leurs façons de parler, ou ce qu’on appelle les termes de l’art : celui qui ne les sait pas n’est ni dévot ni géomètre. Les premiers dévots, ceux même qui ont été dirigés par les Apôtres, ignoraient ces termes, simples gens qui n’avaient que la foi et les œuvres, et qui se réduisaient à croire et à bien vivre.

27 (I)

C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse : instruit jusques où le courtisan veut lui plaire, et aux dépens de quoi il ferait sa fortune, il le ménage avec prudence, il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilège ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie.

28 (VIII)

C’est une pratique ancienne dans les cours de donner des pensions et de distribuer des grâces à un musicien, à un maître de danse, à un farceur, à un joueur de flûte, à un flatteur, à un complaisant :