Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/238

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long usage qu’il n’est point obligé de le faire : l’émulation de ne se point rendre aux offices divins ne saurait être plus vive ni plus ardente. Les cloches sonnent dans une nuit tranquille ; et leur mélodie, qui réveille les chantres et les enfants de chœur, endort les chanoines, les plonge dans un sommeil doux et facile, et qui ne leur procure que de beaux songes : ils se lèvent tard, et vont à l’église se faire payer d’avoir dormi.

27 (IV)

Qui pourrait s’imaginer, si l’expérience ne nous le mettait devant les yeux, quelle peine ont les hommes à se résoudre d’eux-mêmes à leur propre félicité, et qu’on ait besoin de gens d’un certain habit, qui par un discours préparé, tendre et pathétique, par de certaines inflexions de voix, par des larmes, par des mouvements qui les mettent en sueur et qui les jettent dans l’épuisement, fassent enfin consentir un homme chrétien et raisonnable, dont la maladie est sans ressource, à ne se point perdre et à faire son salut ?

28 (IV) La fille d’Aristippe est malade et en péril ; elle envoie vers son père, veut se réconcilier avec lui et mourir dans ses bonnes grâces. Cet homme si sage, le conseil de toute une ville, fera-t-il de lui-même cette démarche si raisonnable ? y entraînera-t-il sa femme ? ne faudra-t-il point pour les remuer tous deux la machine du directeur ?

29 (V)

Une mère, je ne dis pas qui cède et qui se