Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/241

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c’est quelquefois prudence, c’est précaution. L’infamie est de se jouer de sa bienfactrice par des traitements indignes, et qui lui découvrent qu’elle est la dupe d’un hypocrite et d’un ingrat. Si la fiction est excusable, c’est où il faut feindre de l’amitié ; s’il est permis de tromper, c’est dans une occasion où il y aurait de la dureté à être sincère. — Mais elle vit longtemps. — Aviez-vous stipulé qu’elle mourût après avoir signé votre fortune et l’acquit de toutes vos dettes ? N’a-t-elle plus après ce grand ouvrage qu’à retenir son haleine, qu’à prendre de l’opium ou de la ciguë ? A-t-elle tort de vivre ? Si même vous mourez avant celle dont vous aviez déjà réglé les funérailles, à qui vous destiniez la grosse sonnerie et les beaux ornements, en est-elle responsable ? 37 (I)

Il y a depuis longtemps dans le monde une manière de faire valoir son bien, qui continue toujours d’être pratiquée par d’honnêtes gens, et d’être condamnée par d’habiles docteurs.

38 (IV)

On a toujours vu dans la république de certaines charges qui semblent n’avoir été imaginées la première fois que pour enrichir un seul aux dépens de plusieurs ; les fonds ou l’argent des particuliers