Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tes arrêté dans la lecture que par les difficultés qui sont invincibles, où les commentateurs et les scoliastes eux-mêmes demeurent court, si fertiles d’ailleurs, si abondants et si chargés d’une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs, et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres. Achevez ainsi de vous convaincre par cette méthode d’étudier, que c’est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu’à enrichir les bibliothèques, à faire périr le texte sous le poids des commentaires ; et qu’elle a en cela agi contre soi-même et contre ses plus chers intérêts, en multipliant les lectures, les recherches et le travail, qu’elle cherchait à éviter.

73 (VII)

Qui règle les hommes dans leur manière de vivre et d’user des aliments ? La santé et le régime ? Cela est douteux. Une nation entière mange les viandes après les fruits, une autre fait tout le contraire ; quelques-uns commencent leurs repas par de certains fruits, et les finissent par d’autres : est-ce raison ? est-ce usage ? Est-ce par un soin de leur santé que les hommes s’habillent jusqu’au menton, portent des fraises et des collets, eux qui ont eu si longtemps la poitrine découverte ? Est-ce par bienséance, surtout dans un temps où ils avaient trouvé le secret de paraître nus tout habillés ? Et d’ailleurs les femmes, qui montrent leur gorge et leurs épaules, sont-elles d’une complexion moins délicate que les