Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/110

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introduction, § xi.

Dans les mêmes cas l’élision est très fréquente. Je n’en citerai d’autres exemples que ceux, ailleurs les moins communs, où l’élision porte sur un monosyllabe :

fo a Tudela noirit, 3 ;
De Bezers tro a Bordel, 35 ; cf. 272, 273 ;
e aperceubut o avia, 49 ;
per so si era legatz, 70 ;
e a Toloza la gran, 142 ; cf. 295, 655 ;
de fer ni entresenhatz, 176 ;
a un parlamen que feiro, 186 ;
no an paor de morir, 474.

Il est bien vraisemblable qu’au temps où vivait G. de Tudèle, on commençait à réunir en une seule syllabe deux voyelles consécutives qui autrefois avaient été prononcées séparément. Il n’a pas manqué de faire usage, probablement avec peu de discrétion, de cette faculté toutes les fois que son vers s’en accommodait :

que maestre W. (Guillem) fit, 2 ; cf. 207, 523 ;
serian enpaubrezit, 11 ;
que deurian estre pros, 215 ;
lo priors de l’Ospital, 231 ;
qui avia nom Milos, 244 ;
ans que sia[1] noit escura, 547.

Les exemples contraires, c’est-à-dire où la prononciation ancienne est conservée, sont très abondants. Ainsi ma-estre, 104, 112, 1457, 2162 ; avi-an, 10, avi-a, 113, iri-an, 13, teni-an, 69, si-an, 197.

  1. On pourrait être tenté de corriger sia et avia en seit, aveit, car ces formes françaises se rencontrent de temps à autre dans le poème, et sans doute elles étaient à l’origine plus nombreuses (voir le § suivant), mais on ne pourrait corriger serian en seroient sous peine de fausser le vers.