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INTRODUCTION

I. Observations générales sur la composition du poème.

La Chanson de la croisade contre les Albigeois est l’œuvre de deux auteurs qui diffèrent totalement par la langue, par le style, par les idées. Le premier a commencé son récit aux prédications contre les hérétiques albigeois qui précédèrent le meurtre du légat Peire de Castelnau, assassiné le 15 janvier 1208, et l’a continué jusqu’aux préliminaires de la lutte éphémère engagée en 1213 contre la croisade par le comte de Toulouse et le roi d’Aragon. Le second a repris la narration au point où son prédécesseur l’avait laissée, et l’a poursuivie jusqu’à l’arrivée devant Toulouse de la croisade conduite par Louis, fils du roi Philippe-Auguste, en juin 1219. Ces deux récits consécutifs, mais mal raccordés, ont ceci de commun qu’ils sont demeurés l’un et l’autre inachevés. Le premier auteur s’était arrêté vers le commencement de l’année 1213, afin d’attendre la suite des événements. Des circonstances, qu’il est possible de déterminer, l’empêchèrent de reprendre son récit. Le second auteur s’est arrêté au début du siége de 1219, désireux sans doute d’en voir la fin avant d’en raconter les péripéties, mais, s’il n’est guère douteux qu’il ait eu l’intention de continuer le récit, nous n’avons aucun moyen de savoir s’il l’a fait. Nous avons donc à étudier non une œuvre complète en soi, mais deux morceaux mis bout à bout, et dont la disparité n’est nullement diminuée par le fait que le second auteur a pris