Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1208]
11
croisade contre les albigeois.

Dieu ne fit savant ni clerc assez lettré pour vous en pouvoir rapporter ni la moitié ni le tiers, qui sût faire la liste des prêtres et des abbés [180] qui se joignirent à l’ost de Béziers hors [de la ville] dans la plaine.

IX.

Quand le comte de Toulouse et les autres barons, et le vicomte de Béziers ont ouï le sermon : que les Français se croisent, je ne crois point qu’ils s’en réjouissent : [185] loin de là, ils en sont fort affligés, comme dit la chanson. À un parlement que tint le clergé à cette époque, là-haut[1] à Aubenas, vint le comte Raimon ; là il s’agenouilla et fit son acte de contrition[2] devant monseigneur l’abbé (Arnaut), et le prie qu’il lui pardonne. [190] L’abbé répond qu’il ne le fera pas, qu’il n’en avait pas le pouvoir, si le pape de Rome et ses cardinaux ne lui donnaient à cet égard quelques instructions[3]. Je ne sais que vous en dire, ni pourquoi j’en ferais un long discours : le comte s’en retourne grand train ; [195] il prie le vicomte [de Béziers] son neveu[4] et le requiert de ne pas lui faire la

  1. Là-haut, c’est-à-dire dans la direction du Nord ; Aubenas est dans l’Ardèche, arr. de Privas.
  2. S’afliction (ou sa fliction) : c’est proprement l’action de s’agenouiller pour faire pénitence.
  3. Cette première entrevue du comte de Toulouse et du légat n’est mentionnée nulle autre part. D. Vaissète (III, 157) n’a pu la connaître que par la réd. en pr. qui à cet endroit s’est notablement écartée du texte en vers, voy. les notes sur 188 et 195.
  4. La sœur de Raimon VI, Adélaïde, avait épousé en 1171 Roger II, vicomte de Carcassonne et de Béziers ; de ce mariage naquit Raimon Rogier, vers 1185 (Art de vér. les dates, II, 309),