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croisade contre les albigeois.

Et le comte de Montfort se conduisit alors en homme courtois et franc : il le fit exposer publiquement, afin que les gens du pays l’alassent pleurer et honorer. Là vous auriez vu le peuple crier à haute voix. En grande procession il fit enterrer le corps. [930] Dieu pense à son âme, et lui soit miséricordieux, car ce fut un bien grand malheur !

XLI.

Quand les croisés s’en furent retournés en leurs pays, le comte de Montfort demeura fort en peine. Il ne lui resta plus guère de compagnons après leur départ[1]. [935] Il fit paix avec le comte de Foix[2] qui consentit à lui donner son fils en otage. Cet accord ne dura guère, car ils en violèrent par la suite toutes les conventions et se sont depuis lors fait guerre cruelle[3]. [940] Giraut de Pepieux[4] s’est mal conduit à son égard après avoir fait paix et accord avec lui. Pour un mauvais cas ils se divisèrent ensuite : il est véritable qu’un Français lui tua son oncle, mais le comte de Montfort en eut un vif regret, [945] car il fit enterrer vif le meurtrier : en une fosse on le jeta. Onques homme,

  1. P. de V.-C. parle aussi de l’abandon où fut laissé S. de Montfort (ch. XXIV et XXXII), mais les renseignements les plus explicites sur les embarras où se trouva le chef de la croisade après la retraite des croisés, nous sont fournis par Simon lui-même dans sa lettre au pape (Innoc. ep. XII, CIX).
  2. Raimon Rogier, Art de vér. les dates, II, 309. — Pour la paix dont il est ici question, cf. P. de V.-C. ch. XXV in fine.
  3. Nous allons voir en effet le comte de Foix répondre à l’appel de Raimon VI, v. 1422 et 1575.
  4. Pepieux, canton de Peyriac-Minervois, arr. de Carcassonne.