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[1209]
croisade contre les albigeois.

de tués. À la fin, ils furent mis en déroute ceux qui étaient avec Bouchart ; et ce fut deuil et malheur ; [965] lui-même y fut pris, et on l’emmena. Quant à ceux qui y trouvèrent la mort on n’y pensa plus : Dieu reçoive leurs âmes, à la fin du monde, en son ciel glorieux[1] !

XLII.

Le comte de Montfort fut vivement affligé [970] de la capture de Bouchart et de ses compagnons. Tout cet hiver il alla en déclinant jusqu’en carême, au temps des feuilles[2], que revint la croisade comme elle fait maintes fois. Le comte [de Toulouse] alla à Rome, comme dit la chanson, [975] ainsi que les consuls de Toulouse qui y firent de grandes dépenses[3]. D’abord il alla en France, où ils trouvèrent joyeux le riche roi Philippe[4], mais plus tard il devint soucieux ; à cause de l’empereur Othon il se montra ensuite cruel pour

  1. P. de V.-C. (chap. XXVI) raconte cette affaire d’une façon un peu différente : selon lui les hommes de Cabaret se seraient mis en embuscade pour surprendre Bouchart et les siens.
  2. En 1210.
  3. Les consuls de Toulouse se rendaient auprès du pape afin de solliciter la levée de l’excommunication dont ils avaient été frappés par le légat Arnaut. Elle fut levée conformément à leur demande ; voy. une lettre d’Innocent III du 19 janvier 1210 (n. s.) insérée par les consuls de Toulouse dans leur lettre au roi d’Aragon (Vaissète, III, pr. 233 ; Teulet, Layettes du Trésor, I, 369-70). La même lettre abrégée dans Innoc. epist., XII, CLVI, vers la fin.
  4. Selon Pierre de V.-C. (ch. XXXIII), l’objet de la démarche de Raimon VI auprès de Philippe-Auguste aurait été d’obtenir le rétablissement des péages auxquels il avait été obligé de renoncer sous peine d’excommunication (voir l’engagement pris par le comte à Valence le 18 juin 1209, dans Migne, Innoc. epist., t. III, p. 90).