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croisade contre les albigeois.

l’évêque d’Uzès[1] et cent autres clercs. Quand le comte tint la charte, tout secrètement il appela l’écrivain, et quand il l’entend, l’écrivain la lui lisant tout tranquillement, il s’adresse, attristé et indigné, au roi d’Aragon : [1360] « Venez çà, sire roi, » lui dit-il en riant, « et oyez cette charte et l’étrange commandement que me mandent les légats pour que j’y obéisse. » Le roi la fait alors lire une seconde fois, et quand il l’eut ouïe, il dit avec tranquillité ces simples mots : [1365] « Voilà qui a besoin d’être amélioré, par le Père tout puissant ! » Le comte, tout préoccupé, au point qu’il néglige de prendre congé, la charte à la main, sans répondre un mot, s’en va vers Toulouse, courant au plus vite, et puis à Montauban, à Moissac et Agen, [1370] partout tout d’un trait[2].

  1. Raimon III. « Iste Uticensis episcopus, Raimundus nomine a multis diebus ardenter negotium fidei diligebat et quantum poterat promovebat, et illis diebus super eodem negotio cum abbate Cisterciensi legationis officio fungebatur. » P. de V.-C. ch. XLIII (Bouq. 40 c). — C’est à propos du concile de Narbonne que P. de V. -C. mentionne l’évêque d’Uzès et maître Thédise. Voy. la note suivante.
  2. P. de V.-C. ne fait aucune mention de ce concile d’Arles ni des conditions rigoureuses qu’il aurait imposées au comte de Toulouse et dont le détail occupe la tirade qui suit. Les actes ne s’en trouvent non plus nulle part. Néanmoins, D. Vaissète (III, 561 b) admet son authenticité (naturellement sur le témoignage de la réd. en pr., puisqu’il ne connaissait pas le poëme) et en donne des raisons d’une réelle valeur : il le place vers la mi-février 1211. Il ne paraît pas impossible de concilier dans une certaine mesure les récits de P. de V.-C. et de G. de Tudèle. Le premier, à la vérité, ignore le concile d’Arles mentionné par le second, mais il place à Montpellier, à la suite de l’entrevue de Narbonne, une sorte de conférence qui offre un rapport évident avec celle d’Arles que fait connaître G. de Tudèle. Dans l’un et l’autre cas, en effet,