Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
[1211]
croisade contre les albigeois.

leur prennent de ce qui leur appartient, ils ne s’y opposeront pas[1]. [1400] En toutes choses ils se conformeront à la volonté du roi de France. Le comte devra passer la mer jusque vers le Jourdain, et y rester autant que le voudront les moines ou les cardinaux de Rome ou leur fondé de pouvoir[2]. Enfin, qu’il entre dans un ordre, celui du Temple ou celui de Saint Jean. [1405] Et quand il aura fait cela, ils[3] lui rendront ses châteaux ; et s’il ne le fait, ils le chasseront à outrance, de sorte qu’il ne lui restera rien[4].

LXI.

Les hommes de la terre, chevaliers et bourgeois, quand ils ouïrent la charte qui leur est lue, [1410] disent qu’ils aimeraient mieux être tous tués ou pris que souffrir cela, ni de consentir à ce qui ferait d’eux des serfs, des vilains, des paysans. Les bourgeois de Moissac et ceux de l’Agenais disent que plutôt ils fuiraient en Bordelais[5] par eau, [1415] que d’avoir pour seigneur ni barrois (?)[6] ni français : ou ils iront s’établir,

  1. Cet article spécifie un droit de gîte illimité.
  2. On sait que les pèlerinages en terre sainte étaient imposés à titre de pénitence, dans les cas graves, longtemps avant les croisades ; voy. L. Lalanne, Bib. de l’Éc. des Ch. 2, II, 12-3.
  3. Les moines et les cardinaux.
  4. Ces conditions ont été mises en latin d’après la réd. en pr. pour être insérées dans les collections des conciles, voy. Mansi. XXII, 815.
  5. Pour être sous la protection du roi d’Angleterre.
  6. Barrau, mot que Fauriel traduit ici par « clerc », mettant, j’ignore pourquoi, ce mot entre ( ). Il paraît (voy. Romania, IV, 272-3) que les Barrau étaient ceux qui avaient pour cri de guerre a Bar ! cri que G. de Tud. attribue (v. 1847) aux Allemands, mais qui devait être propre aux hommes du comte de Bar. Il