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[1211]
croisade contre les albigeois.

défendus, et s’ils avaient été bien secourus par le comte Raimon, les assiégeants ne l’eussent pas si tôt prise, foi que je dois à Jésus, [1530] car les vivres étaient chères, d’achat et de transport, et les bourgeois de Toulouse, qui se sont irrités [contre les croisés], empêchent les convois de leur arriver[1], et ne laissent pas sortir d’armes, ni lance, ni écu. Mais, comme dit le proverbe, ils se sont avisés trop tard, [1535] car ils ont clos l’étable alors que le cheval était perdu[2]. Les croisés les combattent avec force et courage, ceux qui sont assiégés.

LXVIII.

Lavaur était une ville si forte que jamais en aucun royaume personne du monde ne vit plus forte en plaine, [1540] ni qui fût munie de meilleurs remparts, ni de fossés plus profonds. Au dedans il y a beaucoup

  1. Les consuls de Toulouse, écrivant en juillet 1211 au roi d’Aragon, disent, contrairement à l’assertion de G. de Tudèle : « Preterea, cum exercitus [cruce]signatorum et episcopus Tolosanus essent in obsidione castri de Vauro, nos ad impugnandam et destruendam hereticam pravitatem, eis consilium et auxilium, tam in victualibus quam in armis et in aliis necessariis, prestitimus ; et magna pars de nobilioribus hominibus Tolose, ad mandatum episcopi, quousque castrum de Vauro captum fuit, in armis permanserunt » (Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, I, 369-70). Mais P. de V.-C. rapporte, à la fin du ch. XLIX, que le comte de Toulouse, s’étant brouillé avec Simon de Montfort, défendit aux Toulousains d’envoyer des vivres aux assiégeants ; et il ajoute expressément au ch. L que ces envois eurent lieu au commencement seulement du siége, et encore étaient-ils fort restreints : « in initio obsidionis Vauri deferebantur ad exercitum victualia, sed modica, a Tolosa » (Bouquet, XIX, 45 b).
  2. Cf. Le Roux de Lincy, Le Livre des prov. franç. I, 161. Nous disons maintenant : « fermer la cage quand l’oiseau s’est envolé. »