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croisade contre les albigeois.

de chevaliers qui sont bien armés : Aimerigat y fut, le frère de dame Giraude, qui était dame de la ville[1] ; là il est entré ; il quitta le comte de Montfort sans congé. [1545] Les croisés lui ont enlevé Montréal[2] et Laurac[3] et tout le reste de sa terre, dont il est attristé. De deux cents chevaliers ils lui ont amoindri son fief. Il n’y avait plus riche chevalier dans le Toulousain ni dans le comté[4], ni plus large dépensier ni de plus grande naissance. [1550] Mal lui prit d’avoir vu les hérétiques et les ensabatatz[5] ! Car jamais en la chrétienté si haut baron ne fut, je crois, pendu avec tant de chevaliers à ses côtés ; car, de chevaliers seulement, on y compta bien plus de quatre vingts, à ce que me dit un clerc[6] ; [1555] et de ceux de la ville on en mit en un pré jusqu’à quatre cents qui furent brûlés, outre dame Giraude qu’on jeta en un puits[7]. Ils (les croisés) la couvrirent de pierres : ce fut deuil et péché,

  1. « Erat in Castro illo Aimericus, traditor ille qui fuerat dominus Montis Regalis, et multi alii milites inimici crucis usque ad octoginta qui castrum intraverant et munierant contra nostros. Domina siquidem castri, vidua nomine Giralda, erat pessima hæretica et soror dicti Aimerici.... » P. de V.-C. ch. XLIX, Bouq. 44 a b.
  2. Ch.-l. de cant. de l’arr. de Carcassonne.
  3. Arr. de Castelnaudary.
  4. L’auteur distingue le Toulousain d’avec le comté qui comprenait toutes les terres relevant du comte de Toulouse.
  5. Voy. p. 10, note 2.
  6. C’est précisément le chiffre qu’accuse P. de V.-C. dans le passage rapporté ci-dessus à la note 1.
  7. « Dominam etiam castri, quæ erat soror Aimerici et hæretica pessima, in puteum projectam Comes lapidibus obrui fecit ; innumerabiles etiam hæreticos peregrini nostri cum ingenti gaudio combusserunt. » P. de V.-C. fin du ch. LII. — On sait que la peine de l’enfouissement était plus particulièrement appliquée aux femmes ; voy. Du Cange, fossa.