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croisade contre les albigeois.

sages, eurent peur que les assiégés leur fissent éprouver du dommage : [1815] tout le jour les hommes de parage restent armés : chacun garde de son mieux son quartier, car telle est leur coutume à tous et leur usage. Ugo d’Alfar est dedans, au courage hardi, sénéchal d’Agenais[1], homme de grande vaillance, [1820] et P. Arcès son frère et la fleur de leur lignage, et maints bons chevaliers qui sont fiers et durs ; chacun s’arme en secret en sa demeure. Mais le comte de Toulouse pour un peu enragerait vif : parce qu’ils veulent faire une sortie, accomplir un acte aussi téméraire, [1825] il croit qu’ils veulent lui faire perdre sa terre, et il s’oppose à leur sortie.

LXXXII.

Les hommes de Toulouse ne le voulurent pas souffrir : malgré le comte ils ouvrent les portes, et assaillent de deux côtés ceux de l’ost, [1830] un mercredi matin, à ce que j’ai ouï dire ; il était bien

  1. Ce personnage, qui joue à diverses reprises un rôle important dans l’histoire de la Croisade albigeoise (voy. ci-après v. 2413, 2995, 9090, 9505), était originaire de l’Aragon. Raimon VI l’avait fait sénéchal d’Agenais et lui avait donné en mariage une de ses filles naturelles (voy. ci-après la note sur le v. 2413). Je ne sais s’il y a lieu de l’identifier avec le Hugonet d’Aljar qui accompagna Boniface II de Montferrat à Thessalonique, et que mentionne Rambaut de Vaqueiras dans sa pièce « Honratz marques » (Buchon, Hist. des conq. et de l’établissement des Français dans les états de l’ancienne Grèce, I, 445, 446). Un « Ugo de Alfaro » figure comme premier témoin en des actes du comte de Toulouse (Layettes du Trésor, nos 1948-9, 2145, 2230, 2321) aux dates de 1227, 1231, 1233. Un acte de 1234 nous le montre agissant, bien que sans qualité exprimée, comme chargé d’affaire du comte.