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introduction, § iv.

avoir révélé des faits ou des intentions que les plus ardents ennemis des guerres religieuses n’auraient pas osé soupçonner.

Sachons-lui gré aussi de l’attention qu’il a eue de nous apprendre que si Carcassonne, Saint-Antonin, Marmande, une fois tombées au pouvoir des croisés, n’ont pas été incendiées[1], ce fut non par un sentiment de pitié pour les habitants, qui apparemment n’étaient pas tous hérétiques, mais par un motif de pur intérêt. La même cause avait protégé certaines villes de Palestine lors de la première croisade : il n’est pas sans intérêt de constater que les mêmes procédés étaient employés contre les Sarrasins et contre les habitants du Midi de la France. L’auteur de la seconde partie du poème nous assure de son côté que si, après la bataille de Muret, Toulouse ne fut pas incendiée, c’est que Simon trouva plus profitable de la laisser subsister après en avoir détruit les fortifications[2]. Mais une pareille assertion, émanant d’un écrivain hostile à la croisade, ne saurait en bonne critique être acceptée, si elle n’était confirmée par le témoignage irrécusable de Pierre de Vaux-Cernai.

En somme, chez cet auteur, tout est à prendre, tout est historique : les faits, que nous trouvons exacts toutes les fois que nous pouvons les contrôler à l’aide d’autres récits ou des documents contemporains ; les idées, qui sont celles mêmes du petit groupe de clercs qui dirigeait la croisade après l’avoir suscitée.

IV. Les récits : Guillaume de Puylaurens.

Guillaume de Puylaurens est un historien d’un tout autre

  1. Ch. XVI, LXII (les passages sont cités dans le t. II du présent ouvrage, pp. 39, n. 1, et 132, n. 1) et LXXIX.
  2. Vers 3126-31.