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croisade contre les albigeois.

d’alliance et de pairie. Et le jeune comte entra en Venaissin, désireux de prendre l’hommage de Pernes, de Malaucène, de Baumes et de maints châteaux qui lui appartiennent, et d’y mettre garnison. [3845] Mais dans peu commencera le mal, le dommage, la lutte, car les clercs et l’évêque[1] lui sont

    copiste ait omis quelques vers qui l’expliqueraient ou l’atténueraient. — Cette guerre fut fatale au prince d’Orange. En 1218 il fut pris par les Avignonais, partisans du comte de Toulouse, et misérablement mis à mort (« ...non solum occisus sit, sed etiam in frusta concisus », lettre du pape Honorius, Teulet, Layettes du Trésor, I, 467 a ; cf. Vaissète III, 307). — Voici ce que nous savons des rapports de Guillem du Baus avec le comte de Toulouse : 1210, juillet 10, accord à la suite duquel Guillaume se reconnaît l’homme du comte pour certaines terres (Teulet, Layettes, n° 931). — À une époque indéterminée, selon toute apparence peu avant le concile de 1215, il se rendit à Rome avec l’évêque Folquet et l’abbé de Cîteaux, « per mal del coms de Tolosa, e per adordenar crozada, e per deseretar lo bon comte R. » (Vie de Perdigon, Parn. occ. p. 114.) — 1215, février 4, une lettre d’Innocent III nous apprend que Guillem du Baus avait usurpé les terres de Provence que le comte de Toulouse tenait de l’Empire, et prétendait agir selon mandement spécial du Siége apostolique. Le pape ordonne au légat de prendre sous sa garde ces terres « ut in deliberatione finali, de ipsa possimus libere ordinari » (Teulet, n° 1099). Ces terres d’Empire sont précisément celles que le pape réserva au jeune comte, et sur lesquelles celui-ci s’appuya pour recommencer la guerre contre Simon de Montfort. Il est donc évident qu’à ce moment aucun accord durable ne put s’établir entre le comte de Toulouse ou son fils et le prince d’Orange. — Guillem du Baus protégeait les troubadours et trouvait lui-même. Nous avons de lui une tenson avec Raimbaut de Vaqueiras (voy. Diez, Leben u. Werke d. Troubadours), quelques couplets, relatifs à des faits de guerre, échangés avec Gui de Cavaillon qui tenait, comme on l’a vu plus haut, p. 201, pour le comte de Toulouse (Parn. occit. p. 272), et un couplet en réponse à Ugo de Saint Circ (Archiv. f. d. Stud. d. neueren Sprachen, XXXIV, 410).

  1. L’avesques dans le texte, v. 3847. Si c’est l’évêque, au sing., il s’agit de l’évêque de Toulouse, mais il se peut que cette forme soit employée avec le sens du plur., les évêques en général.