Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1216]
213
croisade contre les albigeois.

fait des barricades palissadées, et poste à Sainte-Pâque[1] les contingents comtaux. Au pied de la roche est la flottille, tellement [3955] qu’ils ont tout en abondance, l’eau et le chrême (?). Puis ils s’écrient : « Avant toute chose, attaquons la Redorte[2].

CLVII.

« Attaquons la Redorte, car nous allons pouvoir l’enlever. » Là vous auriez vu sauter, courir, se précipiter[3], [3960] l’un contre l’autre crier et lutter ; le père n’attendait pas fils ni gendre[4]. Ils brisent et

  1. En ce temps l’église principale de Beaucaire, déjà mentionnée dans un texte de 1070 (Vaissète, II, pr. n° CCLII), et démolie après 1268 (Eyssette, Histoire de Beaucaire, II, 232). Elle était située entre l’église, actuellement subsistante (mais refaite), de Notre-Dame des Pommiers, et le château, auquel elle confinait du côté du Nord.
  2. La Redorte était une fortification établie sur le prolongement de la colline où est construit le château de Beaucaire, au nord-est du château, à l’endroit où se trouvent maintenant des moulins à vent. Actuellement cette position, qui est presque au même niveau que le château, en est séparée par une tranchée qui a conservé le nom de « chemin de la Redoute ; » mais cette tranchée est de date récente. La « munitio de Redorta » est mentionnée dans l’hommage rendu à l’église d’Arles en janvier 1215 par Simon de Montfort pour le fief de Beaucaire (Doat, LXV, 59). Au même lieu se rapporte l’exemple de redorta cité par Raynouard, Lex. rom. V, 386, d’après la chronique de Montpellier (Thalamus, Bibl. nat. fr. 11795, fol. LXVII ; cf. Le petit Thalamus de Montpellier, p. 331) : « ..... et en aquel an (1206) lo coms R. pres en Pons de Montlaur, e l’endeman de l’Assension hom lo gitet de la redorta de Belcayre en avall, en R. de Belluoc ab el. » C’est donc à tort qu’au vocabul. Redorta a été considéré comme un nom commun.
  3. Desendre, v. 3959, mais je crois qu’il faut corriger des[t]endre.
  4. Cf. une locution analogue au v. 1186 ; de même dans la Relation de la Prise de Damiette (Recueil d’anc. textes, partie