Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/348

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croisade contre les albigeois.

mauvais et dur, sans merci, au cœur de lion ; et s’il amène des forces contre nous, nous aurons une défense, [3995] et désormais ne craindrons plus aucun assaut. » Ils répondirent : « Nous tenons le conseil pour bon. » Arbert le prêtre leur a fait un bref sermon : « Seigneurs, je vous semons au nom de Dieu et du comte : celui qui travaillera au mur de pierres sèches et y mettra du sien, [4000] en aura bonne récompense de Dieu et du comte, et, je le jure par l’ordination que j’ai reçue, son salut est assuré. » Tous s’écrient ensemble : « Allons tous ensemble au pardon[1] ! » — Mais la nuit approche avec le ciel resplendissant ; sergents et damoiseaux ont fait le guet, [4005] et même les chevaliers, tout à l’entour du château. À l’aube du jour on crie que tous sortent en masse : personne ne s’y refuse, et ils commencent le mur, le terrassement et la construction. Onques en nulle œuvre vous ne vîtes si riches maçons, [4010] car les chevaliers et les dames apportent le blocage, et damoiseaux et damoiselles les matériaux et le charbon, chacun disant ballade, vers ou chanson. Ils eurent bientôt fait tant d’ouvrage, qu’ils n’eurent plus à redouter Français ni Bourguignons. [4015] En dedans de ce mur furent les tentes et les pavillons. Ils fortifièrent Sainte-Pâque. Puis ils délibérèrent de construire un bosson pour battre le donjon et tirer à

    douteuse : il n’est guère probable que le château ait eu plusieurs grandes portes ; il s’agit donc plus vraisemblablement de celles de la ville. — Je proposerais volontiers de corriger au v. 3991 : e que[x] defendal so, « et que chacun [des pierriers] défende son portal. »

  1. Par perdo, comme aux vers 686 et 763, on entend une œuvre à laquelle est attachée une indulgence.