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croisade contre les albigeois.

venu de Rome, il vous a remonté, voulant que vous recouvriez la terre que tinrent vos ancêtres, [4405] tandis que vos plus grands ennemis ne cessent de perdre du terrain. Tromperie et fausseté aboutissent à déshonneur, car je n’ai jamais vu sermon de faux prédicateur qui finalement n’aboutisse à l’erreur ; et les sages nous apprennent [4410] que mieux valent les trahis que les traîtres. Par le corps de sainte Marie, que je prie et adore, si vous ne vous montrez preu et sage, nous ne savons rien plus sinon que Prix et Parage perdent la graine et la fleur. Le comte de Montfort, de son côté, a prouesse et valeur, [4415] hardiesse et courage et bons conseillers. Il construit château et chatte, croyant nous faire peur ; mais [la chatte] ne se lève ni ne s’abaisse plus que si elle était un fantôme produit par enchantement[1], car c’est œuvre d’araignée, et argent perdu. Pourtant sa catapulte a tant de force [4420] qu’elle tranche et brise tout le portail et le jette bas. Mais nous porterons de ce côté nos forces principales, et ceux qui tirent la catapulte y seront pris, les plus hardis, les plus vaillants et les plus habiles. — Dragonet, » dit le comte, « nous ferons pour le mieux : [4425] Guiraudet Adémar aura l’honneur de garder la porte, lui et les siens, Joan de Nagor, Datils, Austor ; R. de Montauban et vous serez avec eux jour et nuit, ainsi que les chevaliers bannis, [4430] qui sont vaillants guerriers et bons combattants. Et dans les moments critiques, en

  1. Je paraphrase un peu pour mieux faire ressortir le sens que je crois devoir attribuer à ce passage.